Un taxi culturel à Tunis…


Une bonne nouvelle au gré de la semaine / vendredi, avril 3rd, 2020

le 3 avril, par Diana DE CROP

Qui prend le taxi à l’étranger aime souvent «tailler une bavette» avec le chauffeur, demander conseil pour une visite, un resto, un commentaire sur le pays, les choses à voir…Si vous avez la chance de tomber sur Ahmed MZOUGI  et son « taxi culturel » à Tunis, vous ferez un belle rencontre. Avec ses 27 ans au compteur sur le grand Tunis, il s’enthousiasme sur sa vocation de taximan et plus encore pour la culture qui le passionne depuis son plus jeune âge. «J’étais un moniteur de colonie de vacances pendant mon adolescence et j’aimais déjà beaucoup organiser les activités culturelles, se souvient-il ».  

A la suite du Printemps arabe en Tunisie, la culture a commencé à s’ouvrir  au plus grand  nombre en même temps que la libération de la parole. Aussi, lorsqu’en 2016 est venue l’idée de lancer un réseau de « taxis culturels » à Tunis, comme il en existe à Alger, Ahmed Mzoughi en était l’un des initiateurs. Mais rien de concret n’avait alors pu prendre forme collectivement. C’est ce projet qu’il relance aujourd’hui en espérant qu’il sera vite rejoint par d’autres.

Des guides, des livres, une connexion internet, des conseils…

Au fil du temps, et à force d’accueillir des touristes, il s’est vite rendu compte que son taxi était plus qu’un simple moyen de transport et qu’il prenait vraiment beaucoup de plaisir à partager toutes sortes d’informations sur l’histoire, les sites à visiter, les lieux à ne pas manquer. Il s’est aussi très vite rendu compte que ses clients n’étaient pas en reste et qu’à force de converser, ils finissaient même par trouver leur temps de transport moins longs. Fort de ce constat et du plaisir qu’il y prenait, Ahmed s’est dit que même si les trajets resteraient toujours les mêmes, le « taxi culturel » pouvait offrir « un trajet pas comme les autres ». Il a donc voulu en faire un service unique, dans une voiture neuve équipée pas seulement de la clim mais truffé de guides touristiques, de livres et d’un accès à internet.

Et en cette période de confinement,  son « taxi culturel » a momentanément remisé ses  guides touristiques. Les livres ont été remplacés par le gel hydro-alcoolique et les lingettes désinfectantes et les conversations portent sur le respect des normes de prévention et d’hygiène et de sécurité. Parfois aussi des paquets de médicaments et de matériel médical remplacent les clients.

Bientôt des courts métrages de jeunes créateurs tunisiens…

Ce qui n’a pas changé, c’est l’accueil généreux d’Ahmed  et son envie d’innover. Quand la période de confinement se terminera, il s’organisera pour équiper son taxi d’écrans afin de pouvoir projeter des courts métrages tunisiens pendant les trajets. Une façon originale d’encourager les jeunes créateurs à promouvoir leurs travaux tout en distrayant ses passagers. Une façon aussi de changer l’image du taxi,  lui qui se dit convaincu qu’il est essentiel de faire sortir ce secteur de transport de son image classique.

Avec la culture en point de mire, souhaitons-lui d’aller au bout de son rêve…

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