27 mars – Diana DE CROP et Roland DEWULF, Les Amis d’ma Mère
Lettre ouverte à la Ministre fédérale de l’Emploi et à la Ministre de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Le coronavirus rend la société malade. L’économie va et ira mal. Nous le savons tous. Il faudra des moyens financiers, beaucoup de moyens, pour relancer la machine !
Aujourd’hui, la société soigne ses malades, c’est la priorité absolue. Avec un personnel soignant extraordinaire. Nos sociétés survivent grâce à eux, grâce aussi aux éboueurs, caissières, transporteurs, agriculteurs, et d’autres qui n’arrêtent pas leur travail.
À côté de ces personnes absolument indispensables, il y en a d’autres qui ne le sont pas moins : LES ARTISTES. Beaucoup de nos artistes embellissent le quotidien et maintiennent le moral de la population avec une quantité impressionnante de prestations gratuites sur la Toile. Sans revenus et précarisés pour la plupart d’entre eux, ils font montre d’une imagination débordante pour nous permettre de passer des jours moins sombres.
Du côté des responsables politiques, milieux économiques et financiers, c’est l’union sacrée pour faire fonctionner l’économie avec un grand E. En quelques clics, des États, l’Europe, Trump & Cnie trouvent des milliards d’euros et de dollars pour rassurer les banquiers, les actionnaires de la globalisation et les bourses. Alors que quelque 30 ans d’actions et de manifestations syndicales et citoyennes n’ont pas réussi à faire sauter le verrou des politiques d’austérité, le virus, lui, fait valser en quelques jours le corset budgétaire européen. Et c’est tant mieux si l’Europe desserre l’étau de l’austérité et relance son économie, il était temps !
Mais… dans ces mesures annoncées, nous ne voyons rien qui puisse venir en aide aux artistes. Et au-delà de leur sort personnel, pas un kopeck n’est annoncé pour redonner un avenir aux politiques culturelles. Hé là, rien à l’horizon. Rien, pas un mot, pas un chiffre, pas une la moindre annonce pour rassurer nos créatrices et créateurs, celles et ceux qui « éclairent » et enchantent notre vie, nos sociétés, leur donnent du sens, de la profondeur, du cœur. Nous leur devons tant à eux aussi.
Avec eux, « Les Amis d’ma mère » vous lancent ce cri du cœur et de la raison : n’oubliez pas l’art et les artistes lorsque vous déciderez de mesures pour relancer l’économie après la catastrophe du coronavirus.
Ne les oubliez pas, et parmi eux, particulièrement celles et ceux qui « bénéficient » (mot si peu adéquat !) du « statut d’artiste », se battent pour le garder ou se démènent pour l’obtenir.
Ces artistes ne pourront attester d’aucune activité professionnelle, ni d’aucune recherche de contrats pendant ces semaines de confinement, voire les mois qui suivront. Ne les privez pas de leur droit légitime au revenu de remplacement ! Comme toutes les autres personnes qui travaillent, ils/elles doivent avoir droit à leur part de l’aide financière que vous allez mettre en œuvre. Desserrez le corset dans lequel ce statut improbable les confine. Ne les laissez pas au bord de la route au prétexte qu’ils sont… artistes. Aujourd’hui plus que jamais.
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