La petite Joconde…


Une bonne nouvelle au gré de la semaine / mardi, mai 5th, 2020

Le 5 mai 2020, par Diana De Crop

… petite contribution en solidarité avec les artistes et amoureux des arts que nous sommes … et l’envie de partager ce qui se fait de bien. ..Aujourd’hui : LA PETITE JOCONDE…

Paris a la Mona Lisa de Léonard de Vinci, Rome la Fornarina de Raphaël,  et nous à Bruxelles… une petite fille triste sans reconnaissance de paternité. Toutes trois révélées dans les premières années du XVIè siècle, sublimées par des mains de génie et auréolées de mystère, elles ne vivent pas dans la même lumière. L’énigmatique sourire et l’amante dénudée sont consacrées au titre de trésor national bien au-delà de leurs frontières, la troisième se morfond discrètement dans une galerie sans faste à l’ombre de nos gloires nationales. 

Si vous ne vous êtes pas encore accordé le plaisir d’aller admirer cette petite fille de Bruxelles, réjouissez-vous! La fin de son confinement est proche, plus que quelques jours à attendre jusqu’au 19 mai quand le musée Old Master –la section des Maîtres Anciens du Musée Royal des Beaux -Arts de Belgique  rouvrira ses portes. C’est là que se trouve cette petite merveille, nichée dans la galerie des maîtres anciens, entourée des plus illustres d’entre eux, Breueghel, Rubens, Bosh, Memling, Jordaens, Van Dyck,  Van der Weyden,…

Dans ces yeux-là …

Lorsque vous arriverez devant elle,  La petite fille à l’oiseau mort est son nom,  vous aurez sans doute bien du mal à en détourner les yeux, happé que vous serez par l’intensité et la fixité de ses yeux gris bleu, l’insondable sérieux de son regard. Retient-elle ses larmes ? Sa tristesse semble infinie. Elle tient dans ses mains un oiseau mort.

Peut-on imaginer que « son » peintre ait lui aussi connu cette douleur muette et cette interrogation face à la mort, au point de pouvoir la rendre si intensément dans un visage d’enfant? Nous ne connaîtrons de lui que ce que l’on y verra soi-même en plongeant nos yeux dans ceux de cette petite fille. Mais nous reconnaîtrons d’emblée son talent à rendre le teint diaphane de ce visage, la grâce du ruban bleu pâle en liserant la coiffe, la subtilité de la couleur blanche légèrement jaunâtre de la robe, le fond brun très sombre qui contraste avec les joues rondes de l’enfant…  Habitait-il la réalité de cette fillette ? Etait-ce sa fille ?

Nous n’en saurons rien…

La Fillette à l’oiseau mort est une œuvre particulièrement troublante, un mystère non résolu. Peinte vers 1520 par un artiste anonyme des Pays-Bas méridionaux (jadis les dix provinces qui occupent aujourd’hui les territoires de la Belgique, du Luxembourg et du nord de la France), elle se définit simplement comme une petite huile sur bois de 36,7 x 29,8 cm..

Le Musée des Beaux-Art de Bruxelles l’a acquise en 1922, avec le concours des frères de Meulemeester en mémoire du Comte Cavens qui était propriétaire du tableau. Son histoire s’arrête-là. Pas d’étude ou de recherche particulière pour mieux la connaître. Pour l’imaginer, un roman est venu à sa rescousse : Le Voyage à Venise de Philippe Beaussant.

Il faut donc allez sur place, 3 rue de la Régence à Bruxelles, pour faire sa connaissance. Reconnaissez que c’est un bien joli rendez-vous…

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Le 5 mai 2020, par Diana De Crop