Une bonne nouvelle par jour, …
Aujourd’hui: « Sortez couverts! », une performance dans l’air du temps…
le 22 avril, par Diana De Crop
photos ©Maxime Matthys
Quelques jours après le début du confinement en France, un jeune artiste belge de 25 ans, Maxime Matthys, est sorti dans le centre-ville de Rennes, non pas muni de la sacro-sainte attestation de dérogation dûment complétée mais… complètement couvert par 150 attestations accrochées à ses vêtements.
Il lui aura fallu deux jours pour scotcher ces dizaines de feuilles volantes, toutes signées, datées et complétées, avec comme motifs de sortie ce que la réglementation exige : « des déplacements brefs, dans la limite d’une heure quotidienne et dans un rayon maximal d’un kilomètre autour du domicile, liés soit à l’activité physique individuelle des personnes,- à l’exclusion de toute pratique sportive collective et de toute proximité avec d’autres personnes-, soit liés à la promenade avec les seules personnes regroupées dans un même domicile, soit aux besoins des animaux de compagnie ».
Lorsque Maxime Matthys entreprend sa sortie couvert de son drôle de costume,- dans un rayon de 500 mètres autour de chez lui et pour moins d’une heure-, il sait qu’aucun attroupement ne se fera autour de lui (un comble pour un performeur !) mais … il rencontre quand même trois gendarmes ! Un sacré coup de bol, comme on dit à Bruxelles, pour le retentissement de sa vidéo qui aura été vue près de 100 000 fois ! Leur aparté insolite n’a pas dit pas si les deux agents ont saisi le surréalisme de l’affaire et son sens de l’humour, mais comme il se trouvait dans la légalité la plus complète, ils l’ont laissé poursuivre sa sortie autorisée…à condition de détruire son « costume ». Pas parce qu’il est interdit de circuler déguisé en feuilles volantes en dehors du carnaval, mais parce qu’en bons représentants de l’ordre, ils redoutaient que les passants se regroupent autour de lui par curiosité. Rien de bien méchant, donc !
Il n’en reste pas moins que le but de “Sortez couverts” était des plus sérieux. Le jeune artiste a expliqué que sa performance n’avait pas vocation à remettre en cause le confinement établi,- il encourage les gens à le respecter-, mais à le questionner. “Je n’aurai jamais imaginé dans ma vie s’interloque-t-il, devoir me munir d’une attestation pour sortir dans la rue. Le costume est un peu une métaphore de la situation actuelle et de la politique de santé publique qui est assez dingue : la quarantaine et le confinement sont des techniques qui ont été créées au Moyen Âge pour lutter contre les épidémies de l’époque comme la peste ou la lèpre. En 2020, avec notre armada d’innovations technologiques on se retrouve à utiliser ces techniques moyenâgeuses ».
Où va la liberté quand elle s’en va…
Sans faire la morale, son acte artistique veut interpeller et questionner : “Disparaître sous une montagne d’attestations comme ça dans la rue lance-t-il, c’est une manière de questionner, de provoquer les gens et d’une manière le gouvernement. Le questionnement c’est : que sont ces attestations? Que représentent-elles ? Pourquoi en est-on arrivés au point de devoir rester enfermés chez nous et écrire sur un bout de papier la raison pour laquelle on sort dans la rue?”.
Des milliers d’autres que lui se sont posés ces questions, mais ce que la petite histoire ne nous dit pas, c’est où ces dizaines d’heures de liberté se sont envolées…
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