Michele Servadio est né en 1986 à Piove di Sacco, en Italie. Actuellement, il vit et travaille à Londres.
À la fois plasticien et tatoueur, Michele Servadio trouve l’inspiration et la communion avec le public dans la forme sensible la plus expressive, la plus physique qu’on puisse imaginer, une forme totémique : le corps humain. Cependant, il rejette souvent, sans ménagement aucun, l’interprétation la plus partagée, la plus évidente, de la beauté ou de l’idéalisme. Cette interprétation est distordue, disloquée. Les anatomies sont revisitées, les silhouettes défigurées, la perfection déformée.
Caricaturaux, criards, des personnages souvent brutaux se tordent, fouaillent, fument et dansent. Leurs belles armatures nerveuses se répandent et s’étalent sur la page. Il se peut que le spectateur trouve cela grotesque. Des âmes souvent piteuses et torturées nous sont offertes au regard. Mais elles sont, sans doute, le ténébreux miroir de nous tous, intrinsèquement sauvage, toujours en labeur et en souffrance.
Organique, viscéral, le dessin de Servadio évoque les sculptures romanes, les gravures médiévales représentant l’enfer et ses tortures, la cruauté d’un monde où règneraient encore, étroitement unis par une complicité perverse, Satan et l’Inquisition. Mais aussi, au détour d’une page, l’heroic fantasy et les dragons de nos cauchemars d’enfance. À la fois remémoration, exaltation et stigmatisation de nos aspects les plus noirs, l’œuvre de Servadio nous renvoie, sans pudeur mais sans pédanterie, à nos macérations désabusées sur le destin et la nature profonde de l’humanité.